A l’issue de ses études d’ingénieure agronome et d’œnologue, Mélanie Pfister a repris en 2008 le domaine tenu par sa famille dès 1780. Situé à Dahlenheim près de Strasbourg, le domaine incarne avec panache la nouvelle vague de vignerons du Bas-Rhin qui émerge dans le paysage alsacien, ces dernières années. En effet, les terroirs du Bas-Rhin sont désormais sous les feux de la rampe. « Les clients recherchent des vins secs, spécialité de ce secteur », explique Mélanie Pfister. À l’exception de quelques vendanges tardives en 2017, le domaine n’a élaboré aucun vin moelleux depuis 2007.
Les vignes essentiellement plantées en coteaux s’intègrent dans un paysage de douces collines détachées du massif vosgien. Les terrains sont à dominante calcaire. Les parcelles dédiées au riesling étant plus caillouteuses que celles plantées de pinot gris (plus marneuses). Les 10 ha du domaine se répartissent en une quarantaine de parcelles plantées de riesling (30 % des surfaces), pinot gris (20 %), pinot noir (10 %), complétés par le pinot blanc et l’auxerrois, du chardonnay, du gewurztraminer et du muscat.
Cinq personnes s’occupent des travaux viticoles à l’année, l’effectif atteignant vingt personnes au cours des vendanges. Passée en quelques années des méthodes biologiques à la biodynamie, Mélanie Pfister communique à ses vins une énergie et une finesse enthousiasmantes. Grâce au travail dans les vignes, les vins n’ont pas besoin de « béquilles » lors des vinifications et reflètent parfaitement leurs terroirs.
Les rendements oscillent entre 30 hl/ha pour les pinots noirs et 70 hl/ha pour les crémants, avec des densités de 4500 à 5000 pieds/ha. Des pieds de cuve sont élaborés dans le but de sélectionner les levures indigènes mises en œuvre durant la fermentation. « La fermentation malo-lactique se déroule en même temps que l’alcoolique », explique Mélanie. « Le SO₂ est utilisé avec parcimonie. J’en mets au soutirage des fermentations et à la mise en bouteilles ». Les vins fermentent et sont élevés intégralement en cuves inox. Le domaine en possède une soixantaine de toutes les tailles (de 100 litres jusqu’à 80 hl). L’inox étant un contenant plus réducteur que le chêne, les élevages se prolongent jusqu’à deux ans pour certaines cuvées. Le grand cru Engelberg 2020 a été mis en août 2022. « Si les lies de fermentation se goûtent bien, les vins seront élevés sur lies totales », explique la vigneronne. Les vins ne sont pas collés mais filtrés sur plaques de cellulose.
Chaque nom de cuvée est la simplification d’un nom de parcelle alsacien (« Berg » pour « Auf dem Berg »). Ainsi, nous avons découvert grâce au domaine l’étonnant riesling grand cru Engelberg -« la Montagne des anges »- aux saveurs délicatement florales et fumées. L’Alsace démontre une fois de plus qu’elle est mesure de fournir des grands crus blancs pour un prix accessible Tous les vins référencés nous ont séduits, comme le remarquable pinot noir Hüt, délicatement kirsché ou encore le pinot gris de macération capable de se marier à des viandes blanches épicées (cuisine créole) ou à des plats traditionnels alsaciens (l’Alsace intègre une grande variété d’épices à sa cuisine).