Le Clarence de Haut-Brion 2012 Rouge

Appellation : Pessac-Léognan rouge
Classement : Second vin du Château Haut-Brion
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Notes des critiques : Robert Parker 90/100, James Suckling 88/100, Jancis Robinson 17/20
"A wonderfully expansive, velvety textured, rich, full-bodied mouthfeel, are super and very impressive in the 2012 Le Clarence de Haut Brion. This is far higher quality than what most people would consider a second wine, even when coming from a first-growth chateau. Mulberry, spice box and expansive, rich flavors backed up by velvety tannins characterize this medium to full-bodied beautiful wine to drink now and over the next 15-20 years. Bravo." Robert M. Parker, Jr.
  • Arômes

    fruits rouges, mûre, chêne

  • Vinification

    cuves inox thermo-régulées, Egrappage, pigeage et remontage

  • Elevage

    fûts de chêne 30% bois neuf , 20 mois

  • Cépages

    Cabernet Sauvignon 43%, Merlot 41%, Cabernet Franc 14%, Petit Verdot 2%

  • Degré

    14.5 %

  • Température de dégustation

    18 °C

  • Consommation optimale

    à boire de 2025 à 2035

  • Service

    Ouvrir 2 heures avant

  • Accords mets & vin

    Côtes de veau aux cépes

Le producteur

Château Haut-Brion

Le Château Haut-Brion, classé Premier Cru de la Gironde en 1855, est établi dans la commune de Pessac à 4,5 km à l’ouest du centre de Bordeaux. Le toponyme Haut-Brion (tiré du celte briga qui signifie petite colline) désigne une terrasse graveleuse délimitée par les rivières du Peugue et du Serpent. Ce terroir viticole exceptionnel est constitué de galets de quartz, les « graves », charriés par la Garonne à l'Ère Quaternaire, qui se sont déposés sur un sous-sol argilo-sableux. Cette terrasse comprend deux croupes de graves drainées dès le XVIIe siècle qui culminent à 32 m d’altitude.

Le vignoble des Graves connut en 1152 un essor économique suite au mariage entre Aliénor d’Aquitaine et Henri II Plantagenêt, futur roi d’Angleterre. Le marché anglais devint friand de claret, ce rosé de saignée expédié sitôt vinifié pour lequel Bordeaux bénéficiait d’un privilège de vente exclusif. Ce succès perdura jusqu’en 1453, à la fin de la Guerre de Cent Ans.
Le plus ancien propriétaire connu de la seigneurie de Haut-Brion est une femme. Issue d’une éminente famille bordelaise, Johana Monadey acquit en février 1436 « 29 arrèges de vigne » au lieu-dit « Aubrion ». Elle dirigea cette seigneurie avec son époux, jusqu’en 1470. 

En 1525, Jean de Pontac, notaire et greffier au parlement de Bordeaux, acquit les droits de la seigneurie de Haut-Brion par son mariage avec Jeanne de Bellon, fille du maire de Libourne. Le couple agrandit son vignoble pour créer sa réserve seigneuriale. Jean de Pontac qui vécut centenaire, se révéla visionnaire. En 1533, il créa le domaine viticole, par rachat de la « maison noble » de Haut-Brion. Entre 1549, il fit bâtir le château sans vocation défensive sur une zone sableuse en contrebas des vignes et dota l’exploitation d’un chai et d’une cuverie. En ce milieu du XVIe siècle, Haut-Brion était considéré comme un îlot viticole majeur. Contrairement aux usages du temps, Haut-Brion est le premier château viticole à porter le nom de son terroir, ou cru, plutôt que celui de son propriétaire. 

En 1649, Arnaud III de Pontac, premier président du parlement de Bordeaux, devint propriétaire du Château Haut-Brion. Il doubla la superficie du vignoble et fit bénéficier le domaine des dernières innovations techniques. Les barriques étaient ébouillantées et méchées à l’aide d’« allumettes hollandaises », ces mèches soufrées qui permettaient de stériliser les fûts. Les temps de cuvaison furent rallongés pour donner un vin charpenté susceptible de se bonifier avec le temps. Une fois assemblés, vins de presse et vins de goutte étaient vieillis dans des tonneaux ouillés de manière systématique. La pratique du soutirage permit de clarifier le vin avant expédition aux clients. 

Arnaud III de Pontac élaborait son vin de manière à reconquérir le marché anglais. Il y parvint si bien que son nectar fut baptisé « new french claret » par la clientèle britannique. En 1660, le roi Charles II d’Angleterre se fit livrer 169 bouteilles de « vin de Hobriono » (sic), chose rare à une époque où le vin était expédié le plus souvent en barriques.  
En 1666, Arnaud III de Pontac envoya son fils François-Auguste ouvrir un établissement à Londres du nom de Pontack’s Head. Ce restaurant épicerie fine tenu par un chef français de talent servait les mets les plus fins (jeunes poussins dans leurs coquilles ou ragoût d’escargots au beurre) accompagnés du vin de Haut-Brion. Ce dernier était vendu 7 shillings quand les autres crus étaient proposés à 2 shillings. Situé dans Abchurch lane au cœur du quartier intellectuel de Londres, l’enseigne fréquentée par les gens de cours et les intellectuels du temps connut rapidement un très grand succès. Durant ce dernier tiers du XVIIe siècle, plusieurs écrivains anglais tels Samuel Pepys ou John Evelyn évoquèrent Haut-Brion dans leurs écrits. 
Depuis cette époque, le vin de Haut-Brion se distingue par ses saveurs inimitables qui rappellent le tabac fin, la suie et la torréfaction. Selon les spécialistes (pédologues et vinificateurs), elles sont dues à la géologie du cru. Paradoxalement, la noblesse de ce vin naît d’un terroir si pauvre que rien d’autre que la vigne ne pourrait y pousser, comme le soulignait le philosophe John Locke en 1673.

Durant le XVIIIe siècle, le Château Haut-Brion, tenu par la famille Fumel, reçut la visite de Thomas Jefferson en 1787. L’ambassadeur et futur président des Etats-Unis (1801-1809) eut un coup de cœur pour le vin de Haut-Brion qu’il classa au même niveau que celui de ses collègues médocains, les Châteaux Lafite, Latour et Margaux. L’établissement de cette hiérarchie préfigure le classement des grands crus établi sous Napoléon III lors de l’Exposition Universelle de 1855.  
Quels étaient les cépages rouges cultivés par le Château Haut-Brion au XVIIIe siècle ? La plupart des cépages bordelais appartiennent la famille des carmenets, avec à leur tête le cabernet franc. D’après l’étude de son génome, ce « cépage population » proviendrait du Pays-Basque. Cette famille comprend le cabernet sauvignon, le merlot, le carmenère, le petit verdot, le castets, etc. Outre de nombreux cépages disparus, le château cultivait également du malbec (noir de pressac) et plus surprenant de l’alicante, cousin du grenache noir. 
Les courtiers et négociants bordelais établis sur le quai des Chartrons à Bordeaux depuis le XVIe siècle vendaient le vin en barriques quelques mois après les vendanges. Ces « Chartrons » ont été chargés sous le Second-Empire d’établir un classement des plus fameux crus de Bordeaux. Haut-Brion, seul représentant du vignoble des Graves, eut le privilège d’intégrer la tête du classement. 

Cependant, aucun des crus classés de Bordeaux ne fut épargné par les crises viticoles du temps. L’oïdium puis le mildiou, maladies cryptogamiques ramenées du continent américain, causèrent des dégâts considérables au milieu du XIXe siècle. La crise du phylloxéra fut endiguée par la replantation du vignoble en rangs sur des porte-greffes résistants aux piqûres de cet insecte ravageur. Au Château Haut-Brion, le choix se porta sur le porte-greffe Riparia bien adapté au cabernet-sauvignon. 
Dès 1923, le Château Haut-Brion fut l’un des premiers châteaux à pratiquer la mise en bouteilles de la totalité de sa récolte. Lorsque Clarence Dillon acheta le domaine en 1935, Château Haut-Brion sortait d’une période de crise au cours de laquelle chais et vignobles avaient été mis à rude épreuve. Il faudra au nouveau propriétaire attendre le début des années 1970 avant de générer des bénéfices. 

Enclavé dans l’agglomération bordelaise, le Château Haut-Brion a connu comme ses confrères une très forte pression immobilière. C’est la raison principale de la création de l’appellation Pessac-Léognan, en 1987. Cette appellation communale au sein du vignoble des Graves se distingue par la qualité de son terroir et par le fait que tous les crus classés de Graves en 1953 se situent dans la zone de Pessac et Léognan. Ainsi, l’étiquette du Château Haut-Brion porte l’appellation Premier Grand Cru Classé - Pessac-Léognan. 

Jean-Philippe Masclef, œnologue et directeur technique est l’interlocuteur idéal pour comprendre comment naît Haut-Brion. Dès son arrivée en 1988, Monsieur Mascelf aidé de son collègue Pascal Baratié le chef de culture, a tout mis en œuvre pour accroître la maturité des raisins. « Au cours des années 1960 et 1970, en dehors des millésimes 1961 et 1970, la problématique était de faire mûrir les raisins dans des millésimes jaloux », déclare l’œnologue. Dans les années 1980, Bordeaux a collectionné les grandes années. 1982, 1985, 1989 et 1990 ont été des millésimes exceptionnels tant d’un point de vue qualitatif que quantitatif. Par la suite, des éclaircissages ou vendanges vertes ont été effectués afin d’amener à maturité les plus belles grappes. Puis, le château s’est attelé -en collaboration avec l’INRA- à sélectionner des plants de cabernet-sauvignon (45 % de l’encépagement du vignoble), de merlot (45 % également) et de cabernet franc (10 %) dépourvus de viroses. 
« A ce moment-là, on recherchait des raisins peu acides, tanniques, avec des maturités précoces. Aujourd’hui, on chercherait presque l’inverse, » souligne avec malice, Jean-Philippe Masclef. Quinze clones de merlot, une douzaine de cabernet-sauvignon et dix de cabernet franc ont été sélectionnés, qui servent depuis aux replantations. 
Le vin blanc de Haut-Brion, autre fleuron du domaine est issu de sémillon à 50 % et de 50 % de sauvignon (dont 30 % de sauvignon gris, planté en 1990). Ce pessac-léognan produit sur 3 hectares est considéré comme le plus grand blanc sec de Bordeaux.

Le vignoble d’une moyenne d’âge de quarante ans est planté à 10000 pieds/ hectare et taillé en Guyot double. Chaque année, les équipes de Haut-Brion -soit trente personnes mutualisées avec celles du Château La Mission Haut-Brion (racheté par Domaine Clarence Dillon en 1983),- replantent 1 hectare sur les 80 que représentent les surfaces cumulées des deux propriétés (53 hectares pour Haut-Brion et 27 hectares à la Mission Haut-Brion). Chaque pied de vigne malade est remplacé après les vendanges avec une rigueur inflexible. Certaines parcelles sont arrachées et mises en jachère durant trois ans.

« S’agissant de la maturité des raisins, on peut dire que Bordeaux bénéficie du réchauffement climatique. Depuis l’an 2000, on enfile les grands millésimes comme des perles sur un fil, » rappelle Monsieur Masclef. « Haut-Brion est un grand terroir à cabernet-sauvignon. Mais, il faut savoir aussi y planter du merlot pour profiter des qualités des deux cépages. Les premiers merlots ont été plantés en 1923, puis plus largement à partir des années 1950 et 1960 » .

À l’automne, de la fumure organique est enfouie lors du chaussage qui protège les ceps du froid hivernal. Au printemps, les pieds sont déchaussés, ce qui accélère le débourrement de la vigne. Le domaine pratique la viticulture raisonnée et n’utilise que des produits de traitements de type biocontrôle. Aucun insecticide, ni désherbant chimique n’est utilisé. 
Les raisins sont cueillis à la main par une équipe 120 à 150 vendangeurs. La vendange est triée sur tables vibrantes puis égrappée. Un tri optique permet d’écarter les feuilles et les grains desséchés. Depuis 2005, les vins fermentent sous l’action de levures sélectionnées afin d’éviter des fermentations languissantes. La vinification est effectuée dans des cuves en inox. Les remontages sont contrôlés par micro-ordinateur. La cuvaison dure 20 jours à température contrôlée. A la fin de cette dernière, le vin sec peut entamer sa fermentation malolactique. Une fois les assemblages réalisés (sélection du grand vin et du second vin, le Clarence de Haut-Brion), les vins sont descendus en barriques où ils séjourneront de 14 à 16 mois. Cinq à six cents barriques sont fabriquées chaque année au sein de la tonnellerie du château par les artisans de chez Seguin-Moreau, Taransaud et Demptos.

Les premières mentions du Bahans de Haut-Brion (ancien nom de la cuvée Clarence de Haut-Brion) remontent à 1907. Elaboré selon les mêmes exigences que le grand vin, le Clarence de Haut-Brion est un vin d’approche plus immédiate que le Château Haut-Brion. Il peut être apprécié entre 5 et 20 ans d’âge et est élevé dans 30 % de chêne neuf quand le grand vin séjourne dans deux tiers à 80 % de bois neuf. 

La vendange des raisins blancs destinés à produire le Château Haut-Brion blanc est effectuée en août. Sauvignons et sémillons sont pressés dans des pressoirs pneumatiques inertés à l’azote. La fermentation est effectuée en barriques. Suite à la fermentation alcoolique, l’élevage se poursuit en barriques où les lies sont remises en suspension  par bâtonnage afin de nourrir le vin et exprimer toute sa richesse aromatique. Pour les grands blancs, le choix du vinificateur en termes de tonneliers repose sur les maisons Seguin-Moreau, Francis Miquel, Demptos et Taransaud.
La Clarté de Haut-Brion est le second vin blanc du domaine. Étant donné la faible production de vins blancs au Château Haut-Brion, la Clarté intègre les vins de La Mission Haut-Brion blanc qui ne rentrent pas dans le premier vin. 

Il est à noter que le domaine n’a jamais utilisé d’osmoseur, cette technique soustractive d’enrichissement permettant de concentrer les moûts, en vogue à Bordeaux au début des années 1990. De même, à l’exception des millésimes 2007, 2013 et 2017, aucun vin n’a été chaptalisé depuis l’an 2000. 

Féru d’art et de culture, Robert de Luxembourg, descendant de Clarence Dillon, a souhaité ouvrir des établissements qui mettent en valeur ses grands vins. Comment ne pas voir dans la création de La Cave du Château et du restaurant Le Clarence une réminiscence du fameux Pontack’s Head qui contribua à faire connaître Château Haut-Brion à l’international, il y a près de quatre siècles ? 

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