Jean-Pierre Guyon descend d’une famille de vignerons implantée à Vosne-Romanée depuis quatre générations. En 1987, il a l’opportunité de créer son propre domaine en rachetant des parcelles de grands crus -Echézeaux, Clos-de-Vougeot- et de premiers crus à Vosne-Romanée. Dès 1991, il ajoute à son cheptel les parcelles de Vosne-Romanée villages de ses parents. Au sortir de l’armée et de ses études de viticulture-œnologie à Beaune, il investit dans une cuverie thermorégulée et dans un pressoir pneumatique.
Le domaine dispose ainsi d’une belle palette de terroirs plantés de vignes âgées (de 60 à 70 ans) en sélection massale. Depuis son installation, le vigneron n’a pas arraché une seule vigne. « Pour faire de grands vins, il faut de vieilles vignes », déclare Jean-Pierre Guyon.
Jean-Pierre travaille en bio depuis les années 2000 mais a entamé sa conversion officielle en 2009 (label Ecocert 2012). Le vigneron travaille sur son domaine de 6 ha avec son épouse et quatre employés permanents, ce qui correspond à une personne par hectare.
Du mois de mai au mois de juillet les sols sont griffés et l’herbe tondue, mais on la laisse pousser le reste de l’année. La taille Guyot-Poussard est pratiquée depuis 2015 afin de lutter contre le bois noir et l’esca, deux maladies malheureusement fréquentes.
Les rendements tournent autour de 40 hl/ha en moyenne sur le domaine. L’une des parcelles fétiches du vigneron est une vigne de Chorey-lès-Beaune dont les rendements ne dépassent pas 30 à 35 hl/ha.
Inspiré par les méthodes du domaine Leroy et du domaine d’Eugénie, le vigneron a décidé en 2019 de ne plus rogner ses vignes. Leur feuillage est ainsi tressé pour former un pont. Cela protège la vigne de la chaleur tout en donnant naissance à des grappes aérées d’une maturité supérieure. Sur les cinquante personnes recrutées pendant les vendanges, trente sont à la table de tri. Le but est de rentrer les raisins les plus sains possible. « Depuis 2019, toutes les grappes sont débarrassées de leur rafle de manière à vinifier avec des baies entières. Le pédoncule est coupé aux ciseaux au ras du grain de raisin». En 2021, le domaine a mis 14 jours pour vendanger ses 6 ha. Tous ces efforts sont récompensés, Jean-Pierre Guyon est fier de ce millésime qu’il trouve supérieur à ses 2019 et 2020.
Lors des vinifications en rouge les raisins commencent par macérer sans manipulation. On a pris soin de réaliser un pied de cuve par parcelle afin que chaque cuve fermente avec ses propres levures (dites indigènes). Au bout d’une semaine, du jus est ramené par remontage ce qui permet d’oxygéner les levures. Un seul pigeage est effectué à la fin des trois semaines de vinification. Le marc est ensuite pressé à l’aide d’un pressoir vertical.
« Ce qui a déterminé ce changement de cap en vinification, c’est mon côté éternel insatisfait. Je m’ennuyais lorsque je goûtais mes vins car je trouvais qu’ils avaient tendance à se ressembler », déclare le vigneron. « A présent que je les vinifie de la même manière, ils n’ont jamais exprimé autant de différences. Chaque terroir se révèle dans le verre ! » Les vins sont « plus concentrés et supportent mieux le fût neuf. Nous travaillons avec la tonnellerie Rousseau qui nous fournit une chauffe personnalisée depuis 2016 ».
Concernant les blancs, Jean-Pierre Guyon se sert d’un pressoir pneumatique. Les moûts sont volontairement oxydés durant le pressurage car les vins ne voient pas le soufre pendant six mois. Le SO₂ (soufre de mine) est ajouté « après la malo ».
Particularité du domaine, ce sont des pinots blancs (dits aussi ponots noirs albinos) qui composent la cuvée de Nuits –Saint-Georges blanc Les Argillats.
Pour la commercialisation, Jean-Pierre Guyon a choisi l’export à 85 % mais réserve 15 % de sa production pour la France, essentiellement en restaurants mais aussi en caves.