Domaine Thillardon

Fils d’une famille de viticulteurs du sud Beaujolais, Paul-Henri Thillardon crée son domaine en 2008 à partir de 2 ha de vignes en appellation Chénas. Il travaille ses vignes en bio et vinifie ses vins sans soufre dès ses débuts. Le domaine s’agrandit d’année en année pour atteindre 12,5 ha essentiellement sur les terroirs de Chénas mais aussi de Moulin-à-Vent (1,36 ha). S’y ajoutent quelques parcelles reprises à ses parents (1,2 ha) dans le Sud Beaujolais (secteur des Pierres Dorées). Paul-Henri a été rejoint par son frère Charles en 2010, puis par sa sœur Aude et son autre frère, Jean-Baptiste, en 2016. La Famille Thillardon est dans une recherche d’harmonie entre son amour du métier, ses convictions biodynamistes et sa qualité de vie. « La monoculture n’a aucun sens », déclare d’emblée Charles. Aussi, la petite fratrie a intégré à son domaine, des chevaux, des vaches, des cochons, des volailles, des arbres fruitiers et des ruches. Toutes les vignes sont entourées de haies. La culture bio/biodynamique suppose une certaine rigueur, elle mobilise plus de main d’œuvre. Le domaine est travaillé par 4 à 5 permanents « quand il n’en faudrait qu’un en conventionnel », souligne Charles. Pour la taille, le domaine embauche une personne car, « on a beau tenter de tailler plus tard pour se prémunir du gel, il faut avoir fini en mars ». Le domaine se répartit sur les terroirs suivants : « Chassignol » à Chénas : un terroir de granits roses et de quartz, orienté au nord-est. Les vignes - pour partie centenaires avec quelques arpents en cours de replantation - sont situées sur un des plus beaux coteaux de l’appellation. Des vignes très en pentes, plantées entre 10 000 et 12 000 pieds/ha et cultivées au cheval et au treuil. D’un potentiel de 6 ha, il s’agit du terroir qui donne les plus grands chénas du domaine. « Les Carrières » sur la commune de La Chapelle-de-Guinchay : 1,9 ha sur un terroir de silex en appellation Chénas. Les vignes sont plantées dans une ancienne carrière alluvionnaire sur un coteau d’exposition sud. Des vins qui expriment une grande finesse de texture. « Les Blémonts » : parcelle de 1,10 ha située à 500 m de la précédente. Une veine d’argile et de manganèse, exposée sud, qui donne des chénas souples et ronds, dotés de belles matières. Moulin-à-Vent : parcelles les Alizés et Sous la Roche plantées en 2016. Le sol est granitique (granit rose). Les vignes sont exposées au sud et à l’est. 70 ares de chardonnay (Beaujolais blanc) auxquels s’ajoutent 50 ares de beaujolais rouges dans le secteur des Pierres Dorées. Influencé par ses amis Jean-Louis Dutraive et Yvon Métras, Paul-Henri a rapidement fait des essais de vinifications plus douces que ses pratiques de départ, qui étaient conduites en raisins éraflés. « Avant de passer aux méthodes de vinifications naturelles, il faut comprendre son terroir. Ce sont des vinifications qui n’ont rien à voir avec ce que l’on nous apprend à l’école », nous confie-t-il. « Tout d’abord, cela suppose de récolter de magnifiques raisins ». Les raisins qui ne sont pas impeccables sont écartés pour faire un pétillant naturel. Dès 2015, tous les raisins ont été encuvés à 8-10°c dans des cuves béton saturées en CO₂, après une nuit passée au froid (dans des containers de bateaux). « Nous réalisons très peu de remontages. On tire des seaux qui permettent d’arroser le chapeau pour éviter qu’il ne sèche. Grâce à leurs parois épaisses, les cuves béton possèdent une grande inertie - leurs températures varient très doucement - et sont donc parfaitement adaptées à de telles vinifications. Les fermentations sont conduites entre 10 et 19°c. Le choix du décuvage varie d’un millésime à l’autre. La fratrie connaît parfaitement chacune de ses parcelles ce qui lui permet d’adapter ses gestes en fonction du potentiel qualitatif de chaque cuvée. Environ un mois de macération pour Chassignol, trois semaines pour les chénas et une semaine pour le beaujolais rouge. Pour les vinifications, le domaine est équipé d’un pressoir vertical à cliquets américain. L’élevage est conduit dans tous les types de fûts (de 228 à 600 l), en cuves émaillées ou en cuves béton. Après 9 à 10 mois d’élevage, les fûts sont assemblés - « remis en masse » - avec selon le cas, très peu de soufre (10 mg/l de SO₂) ou pas du tout. « Les vins sulfités se dégustent mieux la première année qui suit la mise en bouteilles. Les sans SO₂ sont supérieurs passé une année de bouteilles. Le vin sans soufre a besoin de plus de temps », a constaté Paul-Henri. Parmi les cuvées du domaine, en voici deux très représentatives : Chénas Vibrations : cuvée issue d’un assemblage de raisins provenant des Carrières, des Blémonts et des jeunes vignes du terroir de Chassignol. Un vin fin et pulpeux qui allie la gourmandise à une finesse insigne et une bonne longueur en bouche. Une touche d’émotion bien présente dans ce chénas d’un plaisir immédiat. Chénas Chassignol : Un vin énergisant à la bouche délicate et vibratoire. Un concentré de raisins pulpeux qui surfent sur le fil du terroir. L’influence de la vendange entière apporte une touche épicée et une fraicheur bienvenue. Un grand vin du Beaujolais.