Dans la même famille depuis la Révolution Française (1794), le domaine est géré par Marie-Florence, Jean-Etienne et Antoine Pignier. La fratrie se trouve à la tête du seul domaine viticole de Montaigu, village situé sur un promontoire rocheux au-dessus de Lons-le-Saunier. Cette situation de monopole est idéale pour ce domaine de 13 ha cultivé en biodynamie depuis 2003. Antoine Pignier, en charge de la viticulture et de la vinification, fait figure de référence dans le vignoble jurassien pour la qualité de son travail. Le domaine est montré en exemple pour la tenue parfaite de son vignoble. Il dispose de caves datant du XIII è siècle créées par des moines chartreux. Le domaine Pignier se refuse à vinifier des raisins de négoce. Tous les vins sont obtenus à partir des vignes du domaine.
Le vignoble, en AOP Côtes-du-Jura, occupe les versants des deux reculées (vallées creusées dans le relief calcaire), le val de Vallière et le val de Sorne, situées de part et d’autre de Montaigu.
Les chardonnays de la cuvée Cellier des Chartreux (élevée quatre ans sous voile) plantés sur marnes du Lias proviennent de la parcelle En Boivin, exposée est/nord-est, tout comme les savagnins qui donneront la cuvée Sauvageon (ouillé) et le vin jaune.
Une parcelle de 55 ares, « Derrière la Ville », orientée au sud, au sol d’éboulis calcaires, est dédiée au cépage trousseau, d’origine portugaise (le bastardo du vignoble de Porto) qui a besoin de soleil pour mûrir sous le climat jurassien.
La parcelle des Gauthières, exposée sud/sud-ouest, est plantée de trousseaux sur des calcaires à gryphées, de savagnins sur marnes schisteuses, ainsi que de poulsards et de chardonnays. Les Pignier y cultivent aussi une dizaine de vieux cépages datant d’avant le phylloxéra. Des arbres fruitiers (pommiers, mirabelliers, poiriers) ont été réimplantés au cœur des vignes dans le but de retrouver la biodiversité présente il y a un siècle. Cette vigne donne naissance au remarquable trousseau les Gauthières ainsi qu’à la cuvée GPS, assemblage de gamay blanc (nom local du chardonnay), poulsard et savagnin. Ce vin blanc de pressurage, réalisé en partie avec des raisins noirs, est sapide et cristallin.
Les vendanges sont exclusivement manuelles avec tri à la vigne. Les moûts fermentent sans levurage, ni chaptalisation. Après un pressurage lent, le savagnin ouillé Sauvageon fermente et est élevé 12 mois en œuf béton. Dans ces cuves ovoïdes, les lies nourrissent le vin et favorisent son expression minérale.
Pour le trousseau, dont le domaine s’est fait une spécialité, les rendements sont volontairement limités à 30 hl/ha. Les raisins sont égrappés mais non pompés. Un pied de cuve est élaboré avec les levures indigènes du domaine. La durée de la cuvaison est calquée sur un cycle lunaire (28 jours). Le vin est élevé 10 mois en fûts de chêne et en demi-muids de 500 l. Quant à la cuvée les Gauthières, elle est élevée en jarres de terre cuite.
Les vins sont peu sulfités. Les vins rouges (poulsards comme trousseaux) ne voient guère plus de 15 à 20 mg/l de SO2 total et les blancs secs entre 20 et 50 mg/l.
Les Pignier expérimentent les élevages dans des contenants variés. En plus des fûts de chêne et des œufs béton ou en grès, ils utilisent des cuves en forme de diamant, des amphores, des œufs couchés en béton ou encore en terre cuite.
Depuis le simple crémant brut nautre jusqu’au très beau vin jaune, tous les vins sont empreints d’un style fait de finesse et de précision.
Le fils d’Antoine Pignier, Thibaut qui a rejoint le domaine, est en passe d’incarner la 8e génération de vignerons sur le domaine.