L’arrivée au domaine de Terrebrune lors d’une fin d’après-midi d’été est un plaisir des yeux. Vous êtes accueillis par de magnifiques pieds de mourvèdre dont le feuillage vert et les grains myrtilles se détachent sur un sol rougeoyant. On se dit d’emblée que le nom du domaine n’est pas usurpé…
L’histoire de Terrebrune remonte à 1963. Georges Delille rachète une ancienne bastide provençale située aux portes de la ville d’Ollioules. Cette propriété, située au cœur de l’AOC Bandol, -une des plus anciennes de France (1941)-, ne possède alors que quelques arpents de vigne. Blottie dans un vallon situé au pied du Gros Cerveau -massif qui domine le Toulonnais-, elle bénéficie d’un micro-climat sous influence marine qui convient parfaitement au cépage mourvèdre. Suite à des replantations, les premiers vins sont vinifiés en 1975. La propriété compte alors 10 ha contre 35 ha aujourd’hui. Le cépage mourvèdre est privilégié (85% dans l’assemblage des rouges) complété par le grenache (10%) et le cinsault (5%). La propriété est cultivée en agriculture biologique dès ses origines mais n’officialise la démarche que dans les années 90.
En 1980, Reynald Delille, fils de Georges, reprend la propriété. Sous sa houlette, les vins sont vinifiés sans artifice avec les levures indigènes (pour les vins rouges) et un usage mesuré du soufre. Au cours de sa carrière, Reynald Delille est parvenu à dompter le caractère macho du mourvèdre en privilégiant les extractions fines. Il s’est appuyé sur son terroir de calcaire du Trias, dans lesquels les vignes puisent leur sève, mais aussi sur des rendements faibles (30 à 35 hl/ha) qui donnent des raisins mûrs et concentrés. Il n’élabore qu’une seule cuvée de bandol rouge, longuement élevée en foudres (18 mois) comme l’exige l’appellation. Depuis 2020, Il s’est associé à Jean d’Arthuys, homme de média tombé amoureux du domaine.
Le domaine de Terrebrune produit un bandol rouge élégant qui sait défier le temps. Assez facile à apprécier dans sa jeunesse, il peut parfois se refermer pendant quelques années. Durant cette phase de réduction, il bénéficiera d’un carafage d’une heure pour développer une aromatique plus séduisante. Ce cru révèle les millésimes avec bonheur. Nous avons eu la surprise de déguster des millésimes qui se trouvaient dans la force de l’âge après plus de trente ans de vieillissement. Pour mémoire, citons les glorieux 2001 et 2007. Mais plus surprenant un très bon 1987 après un somptueux 1990.
La finesse de ce cru le prédispose à des mariages avec une cuisine complexe, tout comme une cuisine terre – mer (gigot piqué d’anchois). Sans doute faut-il y voir le fruit de l’influence marine, mais outre les viandes rouges et les gibiers, les mets iodés peuvent se marier avec bonheur avec le bandol rouge du domaine de Terrebrune.