La création de cette propriété armagnacaise remonte à 1711. Gilles de Boisséson, actuel propriétaire, incarne la onzième génération de distillateurs au Château de Lacquy. Auparavant, le domaine avait appartenu à la famille de Pontac liée au Château Haut-Brion.
Le domaine est situé à l’ouest de l’Armagnac, à la limite de la forêt landaise, dans le secteur du "Grand-Bas-Armagnac". Les sols, composés de "sables fauves" ferrugineux, sont légers et acides. Ce terroir produit des eaux-de-vie d’exception aux parfums de violette, de pruneau et de cacao.
Sur une superficie d'environ 400 ha d'un seul tenant, seuls quelque 30 ha de vignes sont consacrés à l'armagnac. La propriété ne produit ses armagnacs qu’à partir de son vignoble. Elle cultive ses vignes de manière raisonnée sans usage de désherbant, ni d’insecticide.
Les cépages (blancs) plantés sont les suivants :
Le colombard, qui produit des armagnacs ronds avec des parfums de fruits confits et de fleurs, à savourer dans leur jeunesse.
La folle blanche, cépage exigeant en culture, fut réimplantée en 2002 pour renouer avec les armagnacs de jadis. Elle donne des eaux-de-vie d'une grande finesse, florales, longues en bouche, avec des pointes d'agrumes confits.
Le baco blanc (croisement de la folle blanche et du noah), très apprécié pour ses qualités gustatives, produit un armagnac puissant, gras et vieillissant bien. Il se caractérise par des parfums de pruneaux, de violettes, de miel et d'épices.
Chaque cépage est récolté séparément. Après les vendanges, seuls les jus clairs de la première presse sont sélectionnés afin d’obtenir des moûts limpides. A l’issue des fermentations, les vins titrent 8,5 %. La distillation a lieu en novembre dans un alambic daté de 1939, une « vieille dame fragile et capricieuse » composée de trois tonnes de cuivre et 90 mètres de serpentins. L’alambic en continu armagnacais comporte une colonne de cinq plateaux dans lesquels les vapeurs d'alcool s’imprègnent des parfums du vin. L’alambic de Lacquy, chauffé au bois, ne produit que 2 fûts de 420 litres par jour !
L’eau-de-vie blanche obtenue titre 53 à 54 %. Elle est mise directement en vieillissement dans des fûts en chêne pédonculé provenant de forêts gasconnes. Ces pièces sont fabriquées par un tonnelier local avec un panaché de brûlures fortes et moyennes. Le Château de Lacquy possède des chais en terre battue à l’hygrométrie parfaite, essentiels à un bon vieillissement. Au bout de trois ans en fûts neufs, les eaux-de-vie sont transvasées dans des fûts plus vieux de manière à préserver leur fruité. Chaque pièce correspondant à un cépage et à un millésime est goûtée régulièrement de manière déterminer si elle doit être assemblée ou embouteillée tel quel.
Le temps semble s’écouler à un tout autre rythme au Château de Lacquy, le stock des vieux armagnacs est d’ailleurs très important (35 ans). Raffinement suprême, le château s'interdit toute adjonction de caramel, pourtant courante dans le monde des eaux-de-vie.
Dégustation :
Château de Lacquy 12 ans (43 %) : Nez épicé (clou de girofle), de résine et de bois blanc. Notes de reine-claude bien mûre. Bouche huileuse et chaleureuse, portée sur les fruits à coques (noisette, amande), qui présente quelques notes oxydatives de type xérès (noix verte). Finale épicée (poivre) et camphrée.
Château de Lacquy 17 ans (43 %) : Nez de cacao et de pain d’épices. En bouche, confiture de figue et de fruits rouges (cerise). Une eau-de-vie rassasiante et chaleureuse, qui tapisse le palais de ses saveurs chocolatées.
Château de Lacquy 30 ans (43 %) : Nez de fruits rôtis, de raisins secs et même de vin liquoreux andalou (pedro ximénez). La bouche intense dévoile des saveurs de cassonade et de crème de marron. Finale tout en longueur, boisée/réglissée, qui s’achève sur le tabac blond et le chêne torréfié.